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Brest. Gaétan, 22 ans, autiste et en route vers le bac

À 3 ans, on le destinait à un institut spécialisé. À 22 ans, il est en terminale à Jules-Lesven. Ce mercredi, il sera à l'honneur dans « Ça se discute ».
« J'ai été plus fort que la maladie ! » sourit Gaétan Kerdraon, 22 ans, élève au lycée Jules-Lesven depuis trois ans. D'ici quelques mois, le jeune autiste passera son baccalauréat professionnel secrétariat. La conclusion d'un long combat pour bénéficier d'une scolarité classique... et refuser la fatalité.
« On ne pensait jamais qu'il serait arrivé si loin », reconnaît avec fierté Gérard, son père, qui l'a toujours soutenu. « Quand Gaétan avait 3 ans, on nous avait dit qu'il ne pourrait jamais marcher, parler et écrire... », se souvient Geneviève, sa mère. En fin de maternelle, il était même question de l'orienter vers un Institut médico-éducatif. Refus catégorique des parents qui ont pris en main sa scolarité et son éducation au sens large.

Plongée avec les requins

Gaétan Kerdraon ressemble plutôt à un garçon timide. Pourtant il souffre d'un « trouble envahissant du développement » qui est un handicap des relations sociales et la communication. Il est autiste de « haut niveau », de type Asperger, sans retard mental.
Longtemps, il a suivi des cours par correspondance avec le Centre national d'enseignement à distance. « Mon père était mon prof. » Ensuite, à temps partiel, Gaétan a intégré le collège. Il effectue sa 5e à Saint-Jo ; poursuit en 4e, à Lesven-Jacquard.
Parallèlement, le garçon réalise des choses extraordinaires. Il plonge avec les requins à La Rochelle, navigue sur un catamaran de course, etc. « L'objectif était de lui donner confiance en lui », indique son père..

« Je surmonte ma peur »

Le garçon n'a jamais bénéficié d'une auxiliaire de vie scolaire. « On a refusé toute aide. Sinon, nous n'aurions rien pu faire tout ce que nous avons fait », précise sa mère. Gaétan échoue au brevet des collèges, mais il intègre le lycée Jules-Lesven en BEP secrétariat, un diplôme qu'il a obtenu. « Je travaille dur », précise-t-il.

« Au début, j'ai eu du mal à aller vers les autres. » Il se réfugiait parfois à l'infirmerie. Aujourd'hui, il a ses repères et ses rituels, éléments très importants pour les autistes. Il a des copains. « Je me sens intégré. » Il vient à pied au lycée. La cantine, bruyante, lui pose encore problème. Dans le self de la cité de Kérichen où transitent 2 500 élèves chaque midi, il peut paniquer facilement. « Je prends sur moi pour surmonter ma peur. »

Gaétan a deux passions : la numismatique et le slam. Il collectionne les pièces de monnaie et les billets. Fan de Grand corps malade, ce jeune homme exceptionnel écrit lui-même des textes et les déclame dans des bars. « Je suis autiste mais aussi artiste », écrit-il.

Gaétan ne souhaite pas s'arrêter au baccalauréat. Il ambitionne de réaliser un BTS communication par alternance, à Rennes, ou de poursuivre ses études dans le social ou l'humanitaire. Fourmillant de projets, il veut réaliser un CD de musique avec ses poésies. Il s'apprête également - et avec impatience - à passer son permis de conduire.
À voir, ce mercredi, à partir de 22 h 40, dans l'émission de Jean-Luc Delarue, sur France 2, qui lui avait déjà consacré un sujet il y a dix ans. Le reportage dont il fait l'objet sera diffusé en fin d'émission, après des discussions consacrées à la vie de couple.